Est-ce que le nazisme est omniprésent en Ukraine ? Les États-Unis ont-ils un réseau de laboratoires d'armes biologiques en Europe de l'Est ? L'organisation américaine NewsGuard, qui lutte contre la désinformation, a démonté jeudi les dix principaux mythes propagés par la Russie en marge du conflit avec l'Ukraine. Aperçu.
1er mythe : Le nazisme est omniprésent dans la politique et la société ukrainiennes, soutenu par les autorités de Kyiv.
PHOTO GLEB GARANICH, ARCHIVES REUTERS
Affrontement entre policiers et manifestants nationalistes – dont des militants du parti d'extrême droite Svoboda –, lors d'un rassemblement près du parlement de Kyiv, en octobre 2014.
Explication
Des groupes radicaux d'extrême droite existent bel et bien en Ukraine, mais ils ont une faible représentation politique et n'ont pas de voie plausible vers le pouvoir, selon un rapport de 2018 de Freedom House, organisation américaine qui étudie la démocratie. Le candidat du parti nationaliste d'extrême droite, Ruslan Koshulynskyi, n'a obtenu que 1,6 % des voix lors de l'élection présidentielle de 2019.
2e mythe : La Russie n'a pas visé les infrastructures civiles en Ukraine.
PHOTO DANIEL LEAL, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Des habitants d'une banlieue de Kyiv constatent les dégâts devant un immeuble résidentiel qui aurait été touché par une frappe russe, le 25 février dernier.
Explication
Contrairement à ce qu'a déclaré le gouvernement russe, il y a eu de multiples attaques de l'armée russe contre des cibles civiles en Ukraine, a démontré Amnistie internationale, soutenant que la Russie menait plutôt « des attaques aveugles contre des zones civiles et des frappes contre des objets protégés tels que des hôpitaux ».
3e mythe : Des saboteurs polonais ont tenté de faire exploser une usine de chlore dans le Donbass.
Explication
La vidéo diffusée par la République populaire de Donetsk montrant la possible explosion est manipulée, a démontré NewsGuard. Les données de la vidéo montrent qu'elle a plutôt été enregistrée le 8 février 2022, soit 10 jours avant l'attaque prétendue. Des sons d'explosion possiblement extraits d'une vidéo d'exercices militaires finlandais publiée sur YouTube en avril 2010 ont été ajoutés au montage.
4e mythe : Les habitants russophones du Donbass ont été victimes d'un génocide.
PHOTO ALEXANDER NEMENOV, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Des piétons marchent dans le centre de Donetsk, État sécessionniste autoproclamé et reconnu par la Russie, en janvier dernier.
Explication
La Cour pénale internationale, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe ont tous déclaré n'avoir trouvé aucune preuve de génocide dans le Donbass, la région de l'est de l'Ukraine partiellement occupée par les séparatistes soutenus par la Russie depuis 2014.
5e mythe : Les forces ukrainiennes ont bombardé un jardin d'enfants à Lougansk le 17 février 2022, selon des sites d'information russes.
PHOTO ARCHIVES REUTERS
Jardin d'enfants frappé par un bombardement, à Stanytsia Luhanska, dans la région de Lougansk, le 17 février dernier
Explication
Le bombardement provenait plutôt du sud, où se trouvent les lignes de front séparatistes russes, ont démontré les analystes de Bellingcat, site web de journalisme d'investigation spécialisé dans la vérification des faits.
6e mythe : L'Occident a organisé un coup d'État pour renverser le gouvernement ukrainien prorusse en 2014.
PHOTO DMITRY SEREBRYAKOV, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Un manifestant de l'Euromaïdan, nom donné aux manifestations pro-européennes en Ukraine, dresse une barricade avec des pneus en feu, à Kyiv, en janvier 2014.
Explication
Rien ne démontre que l'éviction de Viktor Ianoukovitch, alors président, était un coup d'État orchestré par les pays occidentaux. Elle présentait plutôt toutes les caractéristiques d'un véritable soulèvement populaire.
7e mythe : Les États-Unis disposent d'un réseau de laboratoires d'armes biologiques en Europe de l'Est.
Explication
Les États-Unis fournissent plutôt une aide aux laboratoires ukrainiens pour réduire la menace d'épidémies de maladies infectieuses dangereuses notamment en les aidant à détecter rapidement les épidémies. Par ailleurs, le Service de sécurité de l'Ukraine a indiqué en mai 2020 qu'« aucun laboratoire biologique étranger n'opère en Ukraine ».
8e mythe : L'OTAN dispose d'une base militaire à Odessa
PHOTO EMILIO MORENATTI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Soldats de l'armée ukrainienne prenant la pose à Odessa à l'occasion de la Journée de l'unité, décrétée par le président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, face à la menace d'une invasion russe, le 16 février dernier
Explication
En décembre 2021, divers sites d'information prorusses ont affirmé que l'OTAN avait établi une base navale à Odessa, ville portuaire du sud de l'Ukraine. Pourtant, les bases militaires étrangères ne sont pas autorisées en Ukraine, selon la constitution du pays, et il n'y a aucune preuve de l'existence d'une telle base.
9e mythe : La Crimée a été réunie à la Russie légalement
PHOTO MAURICIO LIMA, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES
Des soldats russes se tiennent à l'entrée d'une base militaire ukrainienne après avoir pris d'assaut le village de Belbek, en Crimée, en mars 2014.
Explication
En mars 2014, un référendum a été organisé sur le statut de la Crimée. Il a été jugé illégitime par l'Assemblée des Nations unies, notamment parce que tous les citoyens ukrainiens n'ont pas été autorisés à exercer leur droit de vote et que les options proposées sur le bulletin de vote excluaient la possibilité pour la Crimée de continuer à faire partie de l'Ukraine.
10e mythe : L'Ukraine moderne a été entièrement créée par la Russie communiste, a déclaré le président russe Vladimir Poutine.
Explication
La Russie et l'Ukraine actuelles, l'une et l'autre d'anciens États soviétiques, partagent un long passé. Toutefois, elles ont passé beaucoup plus de temps séparément qu'ensemble, indique NewsGuard. Si certaines parties de l'Ukraine actuelle ont fait partie de l'empire russe pendant des siècles, d'autres parties à l'ouest étaient sous le contrôle de l'Empire austro-hongrois, de la Pologne ou de la Lituanie.
DE LA DÉSINFORMATION POUR JUSTIFIER L'INVASION
« Ce type d'histoires ont servi en quelque sorte de prétexte pour justifier l'invasion », soutient Simon Thibault, professeur au département de science politique à l'Université de Montréal et spécialiste de la communication politique. Les efforts déployés par la Russie pour diffuser de la désinformation au sujet de l'invasion de l'Ukraine ont commencé il y a plusieurs semaines et se sont intensifiés après le début du conflit. « À travers l'histoire, la désinformation a été utilisée à plusieurs reprises pour diaboliser l'ennemi et pour convaincre l'opinion publique », explique M. Thibault. À l'heure actuelle, le régime en place en Russie ne veut pas révéler l'ampleur de l'opération en Ukraine et les médias d'État censurent la couverture des évènements, indique le professeur. Il est toutefois probable qu'une partie du public russe se méfie des informations diffusées sur les médias russes, puisqu'elle va chercher l'information en ligne, soutient-il. « On le voit par les manifestations dans la rue. À l'évidence, ces gens savent ce qui se passe », conclut-il.
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