par Médias Citoyens
Il y avait consensus autour d'une prochaine dissolution de l'Assemblée nationale, devenue inévitable selon les observateurs. Elle se serait produite, le plus certainement, à la rentrée 2024 lors de l'étude du budget 2025 par l'Assemblée nationale (les LR ayant laissé entendre qu'ils déposeraient une motion de censure contre le gouvernement). Nous le savions mais refusions d'y croire. Un peu comme le rapport à la mort que nous entretenons dans nos sociétés de l'immédiateté, une partie de nous sait que cette finitude adviendra mais nous préférons faire comme si ce n'était pas le cas.
Le souffle de la déflagration nous a collectivement ébranlés, obligeant chacun(e) à sortir de son déni, à reconnaitre que cette décision était la seule possible face à la déferlante des extrêmes. Sans surprise, la plupart des commentateurs et éditorialistes se sont déchainés contre le président de la République, le qualifiant de fou à lier, d'irresponsable ou de joueur de poker faisant "tapis" ; aucun d'entre eux ne voulant considérer la réalité politique du pays telle qu'elle est. Peut-être était-ce, aussi, un contre-feu pour se défausser de leurs propres responsabilités dans la montée des populismes ?
LE RÉCIT MÉDIATIQUE L'A EMPORTÉ
En agissant tels des marchands de peur, les rédactions n'ont sans doute pas mesuré l'impact de leur désinformation sur des Français qui ont fini par croire au récit terrifiant qui leur était imposé. Le récit d'une France déshéritée, insécure, où la misère est omniprésente et l'injustice entretenue par les élites. On entend d'ailleurs, dans les nombreux micro-trottoirs à la gloire du RN diffusés dans les JT de TF1 et de France 2 : "Cela ne peut pas être pire qu'actuellement, donc on n'a rien à perdre à essayer le RN".
L'immense majorité des rédactions rêve - pour des raisons idéologiques autant que militantes - de voir disparaitre le centre politique composé de Français modérés, de républicains convaincus, de citoyens discrets qui n'intéressent pas les médias. Depuis 7 ans, leurs représentants élus auront d'ailleurs été raillés, discrédités, ostracisés par le microcosme médiatique ; leur camp politique s'est vu affublé du sobriquet "macronie" tandis que les autres camps n'ont jamais été surnommés "Lepenie" ou "Melenchonie".
UN COMBAT INÉGAL, DÉSÉQUILIBRÉ
Bien sûr, le combat est inégal. D'un côté, 90% des rédactions françaises sont perfusées aux faits divers, au journalisme de l'émotion, au goût pour le pire même quand il faut le créer de toutes pièces lorsqu'il n'est pas dans l'actualité, à la détestation de l'État, aux postures dépressives et victimaires. Démultiplié par la puissance des réseaux sociaux, ce journalisme mortifère nourrit chaque jour un peu plus les ruisseaux, les rivières puis les fleuves de l'extrémisme.
De l'autre côté, des citoyens raisonnables qui portent des convictions au moins aussi respectables que le Nouveau Front Populaire à dominante LFI ou l'extrême droite à dominante Le Pen. Seulement voilà, cette France silencieuse n'intéresse guère les médias ; ce centre politique est bien trop calme pour prendre la lumière des plateaux TV ; trop travailleur et citoyen pour nourrir l'incendie permanent des chaines d'information en continu ; beaucoup trop modéré pour intéresser des journalistes idéologues en mal de récits révolutionnaires.
UNE LUEUR D'ESPOIR
Une lueur d'espoir tout de même dans ce rapport de force très défavorable, la prophétie de Thomas Legrand (France Inter / Libération) et de Solenn de Royer (Le Monde) qui théorisent l'éradication prochaine de cette force politique qui va du centre gauche à la droite républicaine. Ces journalistes militants s'étant trompés sur à peu près tout au cours des dernières années, cela permet de maintenir en vie une petite flamme républicaine capable de transcender les marchands de peur, d'envoyer promener les vendeurs d'utopies et de disqualifier les semeurs de chaos.
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